top of page

L’animalité qui est en chacun de nous, Danielle Burgart la traque sans relâche dans des compositions à plusieurs degrés de lecture. La vie est un combat permanent et une quête perpétuelle dans cette peinture exigeante.

 

Ludovic Duhamel - Miroir de l’art

miroirdessin.jpg
miroircouv1.jpg
miroircouv2.jpg
miroir1.jpg

Dans le série des hommes oiseaux, la « créature de Danielle Burgart est un personnage hybride et l’évocation poétique qu’en fait l’artiste, entre allégorie et mythe, devient l’objet du récit.

Le dessin assuré de Danielle Burgart nous en installe l’hypnotique, inquiétante et séduisante présence, dans un univers structuré par une matière picturale dont les accents colorés, parfois violents, sont toujours maîtrisés pour soutenir l’expression.

Dans l’espace de l’œuvre où tendresse et cruauté se côtoient, Danielle Burgart nous fait suivre, fascinés, les rapports qu’elle-même entretient avec cette humanité chimérique, cette force altière du vivant, cet Horus contemporain appelé à une autre renaissance…

Piero Cavallieri - Galerie Passeart

L’univers de Danielle Burgart est peuplé de corps placés dans des environnements insolites et dérangeants qui font penser à ceux des œuvres de Paul Delvaux ou de Max Ernst. 

Ses personnages, mi humains mi animaux, solidement modelés par des ombres et des lumières, sont figés en plein mouvement, muscles tendus. Inexpressifs, ils ne sont plus que des sortes de résidus visibles de l’être, seuls moyens de communication et de relation avec leurs semblables. Paradoxalement, ces corps sans identité précise se muent en champs de pure expression, dépassant largement leurs limites.

La tension suggère une violence latente, prête à exploser, mais sans volonté destructrice.Il s’agit, en quelque sorte, de la matérialisation de la part d’animalité ou d’inhumanité qui réside en chaque être et qui cherche à se dissoudre dans la sensualité de son environnement. Une sorte de rébellion intérieure concrétisée par la seule posture du corps, mais sans personnalisation ni psychologisation. Une métaphore de notre humanité.

Louis Doucet - Commissaire d'exposition

vam.png

Le corps qui parle, qui exprime la force, le temps qui passe, le désir. Toutes les émotions que peut susciter un corps d’homme ou de femme, Danielle Burgart  veut nous les faire ressentir.

Les corps sont placés dans un univers parfois étrange, abstrait ou dénué de sens. Un environnement qui met en valeur  les personnages ainsi mis en scène.

Le corps comme reflet de l’âme. Qui porte en lui la marque du temps, la volupté de la peau, les marques des caresses et atteint ainsi sa plénitude.Pour le mettre en avant, Danielle Burgart fait disparaître les visages ou les remplace par des têtes de rapaces.

Mettant ainsi en opposition un mental, une culture prédatrice avec la fragilité de l’être humain. Son isolement face au monde qui nous entoure. La fragilité de l’humanité, des êtres humains est liée à l’enveloppe charnelle qui est éphémère. C’est pourquoi ses corps sont un appel à la vie, à en user tant qu’elle palpite, respire.

Seule la pensée subsiste. C’est par elle que Danielle Burgart fait vivre ses personnages au-delà de leur propre vie.

Lucien Ruimy - Vivre l'Art Magazine

aralya1.jpg
aralya.jpg

L'univers Burgartien    

par Martha Boeglin - Docteure en philosophie

Réconciliation. Si je devais choisir un terme pour qualifier l’œuvre de Danielle Burgart, ce serait celui-là : réconciliation. Mais avant de parler de la réconciliation, voyons ce qui est en conflit.

Les hommes à tête d’oiseau jalonnent l’œuvre de Burgart. Ils attirent le regard, ils interrogent, ils inquiètent, même, parfois – mais ils ne laissent jamais indifférent. En fait, ils sont le lieu où s’affrontent des forces antagonistes et cet affrontement les anime.

 

Chaque entité, en effet,  évoque son contexte d’origine : d’un côté des corps humains, virils, massifs, soumis à la loi de la gravité. Cette pesanteur leur confère une stabilité dans le mouvement ; même dans des positions instables et douloureuses, ils semblent lourds et impassibles, déterminés et calmes.

De l’autre côté, des têtes d’oiseaux – plus précisément, des oiseaux de proie. Le propre de l’oiseau est d’échapper à la pesanteur. Et cette juxtaposition corps d’homme- tête d’oiseau crée une tension de par cette pesanteur malmenée, dominante dans le corps, bafouée par la tête. Cette tension est renforcée par le fait qu’un oiseau de proie est doté d’un cou dont la mobilité permet à la tête une rotation de plus de 180° - et cette mobilité, elle aussi, contraste avec la masse de ces corps, qui confine à l’immobilité. En outre, ces oiseaux ont une acuité visuelle grâce à laquelle ils voient un mouvement à quelques mille mètres ou plus – et d’ailes pour foncer dessus à 100km/h pour les plus lents. Acuité, vélocité, précision qui là aussi sont en opposition avec ces corps pesants dont on pressent la lenteur voire la gaucherie.

Un être, l’homme à tête d’oiseau – deux entités –  l’homme et l’animal. Au delà des détails physiques qu’évoque chacune d’elles, c’est un monde – son monde, dont elle est extraite – que chacune convoque. Deux mondes qui cohabitent dans un même être, deux mondes qui tendent à s’exclure mutuellement : celui de l’homme et celui de l’animal. Deux mondes qui se rencontrent pour se heurter, s’entrechoquer,  provoquant des frictions, des tensions, des déflagrations, presque.

En fait, ces hommes à tête d’oiseau rendent visible le conflit dont l’humanité est le théâtre – conflit jamais résolu, jamais soluble : celui qui anime l’homme depuis qu’il s’est extirpé – ou a voulu s’extirper –  de la nature pour la dominer. Le conflit où s’affrontent sa part sociale, civilisée, normée, et sa part, socialement refoulée, d’animalité - sa part de nature, spontanée et non maîtrisable. L’être humain est le siège de ce conflit – conflit nié par la sacro-sainte croyance qu’il aurait dominé la nature et qu’il se serait libéré de son animalité.

En dotant ses humains de têtes d’oiseaux, Burgart restitue à l’humain sa part refoulée, reniée, muselée – sa part animale. Elle la laisse advenir sans jugement ni parti pris pour l’un ou l’autre. C’est en les juxtaposant qu’elle laisse ces deux entités – homme et animal – se côtoyer, se frotter l’une à l’autre, s’affronter sans qu’elles ne parviennent jamais à l’équilibre. Elle donne au conflit un espace où se déployer. Mieux : elle lui donne un langage.

Ce langage donne une expression au conflit tel quel, sans chercher à le camoufler ou à le résoudre. Ce faisant, il le rend visible, ou plutôt l’exhibe. Il le laisse être – d’où l’impression de frictions, de tensions, même dans une scène aussi paisible que Le Fleuve de Vie, où dans ce paysage paradisiaque, les personnages centraux – les humains à têtes d’oiseaux - continuent d’exhiber leur dichotomie. Dichotomie au centre de l’univers burgartien.

 

Si l’œuvre de Burgart est une œuvre de réconciliation, c’est parce qu’elle réconcilie l’homme non pas avec l’animal, mais avec le conflit qui l’habite et qu’il a pourtant oublié, nié, refoulé. Ce conflit ne prendra pas fin – du moins tant que les deux partis existeront. Laisser-être ce conflit, l’accepter sans chercher à le résoudre, voilà la réconciliation. Voilà pourquoi les hommes à tête d’oiseau de Burgart restituent aux humains leur humanité : parce qu’elle laisse parler le conflit qui les habite et qui les constitue.

 

Réconciliation de l’homme avec sa dichotomie.

bottom of page